- Marie-Anna et Oscar
Avez-vous vu Harvey ?
Harvey, de la dramaturge américaine Mary Chase, est une des premières pièce de théâtre que nous avons rencontrée dans notre parcours à l’option théâtre. Après avoir joué et imaginé une petite mise en scène pour un extrait de la pièce, nous avions pu échanger avec le metteur en scène et parrain de l’option, Laurent Pelly. Un an plus tard, nous voici ( plus ou moins confortablement ) installés dans nos sièges au grand théâtre de Mâcon, impatients de découvrir l’univers d’un grand lapin blanc, « d’un mètre quatre vingt ou de deux mètres ! », nommé Harvey.
Elwood est convaincu d’avoir pour ami ce lapin blanc, pourtant bien imaginaire ! Vont s’enchaîner alors des quiproquos et des jeux de répétitions, parmi lesquels sa soeur Vita exaspérée de la situation, est internée dans un centre psychiatrique par le docteur Sanderson, qui la croit folle, tant le portrait qu’elle fait de la maladie de son frère est étrange. Des personnages plus comiques les uns que les autres se démènent pour retrouver Elwood qui déambule hors de l’asile aux côtés de son grand lapin blanc. Le tyrannique docteur Chauvenet, la naïve infirmière Kelly, l’infirmier bourru Wilson, Clémentine Simmons la nièce d’Elwood… chacun de ces caractères atypiques, si exaspérés qu’ils sont par la douce folie d’Elwood, finissent même par le voir ce Harvey, et nous aussi !
J’ai beaucoup aimé cette pièce pour son intrigue mais surtout pour sa mise en scène et le jeu des acteurs. Le décor millimétré et élégant est à l’image du travail des comédiens et de leurs dialogues, déplacements et jeux de corps. Sur un fond blanc et brouillard, on a l’impression parfois de rentrer dans le corps d’Elwood, quand il est seul face à la folie, que le théâtre s’estompe et que la musique se tend. C’est un théâtre plein de vie, de sursauts et de mouvements, rythmé et structuré.
On perçoit toute la réflexion derrière chaque geste et chaque expression, chaque détail relève d’un choix médité et d’un travail de mise en scène très élaboré.
Le sujet est traité avec humour et n’étouffe pas pour autant la réalité de la maladie et/ou de la différence, abordée ici avec délicatesse.
J’ai été ravie de découvrir le théâtre de Laurent Pelly, et de suivre l’histoire palpitante d’Harvey.
Marie-Anna

ci-contre une photo du grand théâtre de Mâcon, avec un aperçu du décor :
ci-dessous les 4 privilégiés du public assis dans les vrais fauteuils ! ;)

J’ai trouvé la pièce de théâtre Harvey mise en scène par Laurent Pelly très intéressante et les comédiens très drôles.
La mise en scène et le décor étaient limpides et organisés. Cela contrastait avec le thème de la pièce, qui portait sur la confusion des personnages engendrée par la présence d’un personnage invisible et inattendu, et pourtant prenant toute la place : un gros lapin blanc !
J’ai beaucoup aimé aussi les caractères des personnages, assez contrastés eux-aussi : l’un est hystérique, l’autre est détendu, etc. En même temps, c’est fou, au début, on aurait pu pensé qu’il n’y aurait aucun décor, car le fond était simplement gris et noir, mais la rapidité avec laquelle tout le décor s’est installé m’a bluffé : tout était sur roulettes ou suspendu à des câbles qui descendaient du plafond.
Du côté du domaine psychiatrique, il y avait des scènes surprenantes et comiques, comme la façon dont le docteur Sanderson et Kelly s’avouent leur amour sans s’en rendre compte, en se disputant sans arrêt. Ce qui était drôle aussi, c’est que le chef des psychiatres était sans doute le plus délirant de tous les patients : à la fin, il voit lui aussi le lapin Harvey et expose son rêve qu’une jeune fille lui caresse les cheveux pendant trois semaines sous un pommier en lui disant « mon pauvre, pauvre chéri » ou je ne sais quoi !
J’ai trouvé intéressant également le rôle du grand médecin costaud, son côté macho, familier et très « entier » était étonnant dans cet univers très policé. Le personnage principal, Elwood, cache son amour pour l’alcool à ses proches en leur disant qu’il boit de temps en temps alors qu’il fait le tour des bars de la ville, surtout « chez Charlie », accompagné du lapin Harvey bien sûr.
Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu'au fond, l’auteure de cette pièce a peut-être voulu nous faire comprendre qu’il n’y a rien à changer à la folie d’Elwood.
D’abord, sa sœur veut le faire interner mais quand elle comprend qu’après l’injection d’un produit soignant, il sera aussi triste que tous les autres, elle refuse le traitement.
À la fin, le personnage principal reste dans son délire et dans son univers, car tout le monde reconnaît qu’il y était bien et qu’il s’y sentait heureux. De toutes façons, tout le monde a un côté un peu fou dans cette pièce et c’est ce qui fait le charme de chacun et de la pièce elle-même.
Voilà : une pièce drôle et une drôle de pièce, bravo à Laurent Pelly pour cette superbe aventure théâtrale. Je souhaite à tout le monde et à vous, Mme Petit, de trouver votre sympathique côté fou !! Bises a tous ;) !!!!!!!
Oscar